Témoignage

Nous avions interviewé Alex  à l’occasion de la publication de son premier roman. (cf. Les aventures extra-solaires d’une romancière montalbanaise – 11 décembre 2019).

Bilan à mai 2020 : trois livres sont  déjà parus , le deuxième volet de la série des « Aventures extra-solaires » où elle met en scène sa propre famille  est en relecture finale avant édition et un cinquième  roman est en cours d’écriture.

Nous lui avions posé la question de savoir où elle puisait cette énergie de création.

Nous ne sommes visiblement pas les seuls.  

Alex a donc pris le stylo pour  partager sa gestion de   ce qu’il est convenu d’appeler le « syndrome de la page blanche », le blocage total d’imagination devant la feuille, l’impossibilité à aligner une phrase… la détresse de qui voudrait écrire et n’y arrive pas.

 

Beaucoup de personnes m’ont demandé : « Comment gères-tu le syndrome de la page blanche ? »
Pour être honnête, je ne l’ai pas, et je ne suis même pas sûre qu’il existe.

Je m’explique.

Il m’arrive parfois de ne pas être motivée à écrire, de trouver que cela prend trop de temps à prendre forme et d’être prête à abandonner, ça oui. Mais le manque d’imagination ? Non.

Écrire ce n’est pas une illumination, ce n’est pas plus un don que la capacité à jouer du Chopin. C’est du travail.

Écrire, comme jouer de la musique, demande de l’entraînement, de la recherche, de l’ouverture d’esprit. Cela demande de lire, beaucoup, de faire des tentatives, beaucoup, de se lancer, de raturer, de recommencer… Tout comme on apprend à dessiner.

J’ai plusieurs techniques lorsque je ne suis pas motivée. Je ne sais pas vous, mais lorsque je ne peux pas écrire, parce que je suis au travail ou parce que je dois me coucher tôt, j’ai une envie folle d’écrire.

Mais quand arrive enfin le week-end, que le ménage est fait, que mes muscles se remettent doucement de ma séance de sport et que j’ai tout le temps du monde…

J’ai comme envie de faire autre chose. Je pense que ces moments-là arrivent à tout le monde.

J’ai du mal à rester concentrée, je papillonne, je réfléchis à ce que je vais manger ou à mon prochain post Instagram ;).

Pour Alex, pas de résultat sans travail, thé et quelques douceurs.

Comme je me connais bien, je sais que pour moi, le meilleur moyen de ne pas faiblir, c’est de me fixer de petits objectifs courts que je vais pouvoir répéter.

Par exemple : une demi-heure de focus écriture, 10 minutes de détente (Thé, musique, marcher, etc. ).

Parfois, je me mets des objectifs d’une heure et je m’y tiens, parce que comme tous les buts, tous les rêves : cela demande des efforts et beaucoup de travail. Aujourd’hui, je peux dire avec une très grande certitude que j’aime le résultat de ces efforts !

Alors, certains d’entre vous vont me dire qu’ils restent coincés devant leur page et que rien ne vient…

Mais rien ne va venir les gars ! C’est à vous de faire venir les choses ! Et je pense que c’est la grande différence entre les gens qui aimeraient écrire et ceux qui écrivent (et cela marche avec tout).

On n’écrit pas parce qu’on veut écrire, mais parce qu’on pose son stylo sur la feuille ou ses doigts sur le clavier. Attendre qu’une idée d’histoire nous percute comme un astéroïde et nous livre le plan et les personnages comme dans une pochette-surprise, c’est du rêve éveillé. Ça n’existe pas.

Désolée, si je brise les rêves de certain.es. Moi aussi, il m’arrive d’être « bloquée » en mode : « ok… Et j’en fais quoi de cette scène maintenant ?  »

Dans ces cas-là, je me mets une musique qui irait bien avec le thème de ma scène, je relis ce que j’ai fait avant, je réfléchis où je veux aller et comment. Et si vraiment tout cela ne marche pas ?

Je me force à écrire.

Je commence avec quelque chose de classique « Michel avance. Il porte un pull bleu et un pantalon noir. Il ne s’est pas rasé depuis plusieurs jours et sent la transpiration… » Et là, juste en écrivant ces mots, je me dis : Ok Michel pourrait s’être séparé de Michelle et être en pleine phase de rupture amoureuse. Il est triste et ne se lave plus. Ok, je vais écrire une scène où Michel se remet petit à petit de sa rupture ! Comment je vais faire ça ? Et bien, je vais réfléchir aux différentes étapes du deuil, lui créer des amis, une famille, un chien, un poisson rouge… etc

(…)

Portrait d’’un personnage clé du 1er roman d’Alex dessiné par un lecteur

 

Nous ne sommes pas obligés d’écrire le prochain Dan Brown à chaque page.

Parfois, après avoir travaillé sur un de mes romans, je me fais plaisir en écrivant une fanfiction. (oui, je n’arrête jamais). Pour moi, c’est vraiment de la relaxation, cela me permet d’utiliser des personnages déjà créés, un univers déjà construit et de juste balancer des idées et de travailler mon style.

Alex se détend avec des fanfictions, histoires inventées qui s’inspirent d’une œuvre existante, reprenant l’univers et les personnages déjà créés.

Si vraiment, rien de tout cela ne marche pour vous : lisez.

Vous écrivez une romance ? Lisez de la romance. Vous écrivez de la Science-Fiction, refaites vous les XXX.

Et encore mieux, diversifiez-vous ! Inspirez-vous.

Apprenez de ce que vous aimez et de ce que vous n’aimez pas.

Par exemple, en ce moment, je lis les XXX. J’adore le rythme et le fait que l’auteur laisse le lecteur imaginer les monstres et les espèces qui peuplent son monde. Par contre, je déteste la place de la femme et la violence gratuite. Elle va de pair avec son monde qui est fortement inspiré d’une image médiévale archaïque, mais je n’aime pas ça. Je sais que c’est quelque chose que je ne ferais pas. Par contre, je lis en détail les scènes de combat parce qu’elles sont intéressantes et je pense que je vais m’en inspirer.

Voilà mon avis sur le syndrome de la page blanche. J’ai déjà le syndrome d’Asperger, je ne vais m’en encombrer d’un autre.

 

 

Note du Pont des Savoirs : les ouvrages cités par Alex ont été remplacés par XXX .