Les entretiens confinés de Véronique la Curieuse

Vous vous souvenez de cet atelier Origami où Joël, tel un prestidigitateur avait su redonner forme à mon pliage massacré ? Sa dextérité m’avait impressionnée, plus encore son tandem avec Monique, son épouse.

Car tous deux participent à de nombreux échanges de savoirs : toujours ensemble !

Et quand on leur demande «  pourquoi ? », ils vous répondent  que la vie de couple est « comme un match de foot, le ballon doit circuler entre les équipiers. Pas question de la jouer perso si on veut gagner ».

Et leur équipe, elle dure depuis plus de 43 ans.

« Même pour aller marcher, c’est tous les deux ! » affirment-ils.

Bien sûr que leur vie n’est pas un conte de fée. Les soucis ne manquent pas mais  ils sont convaincus que c’est au couple d’améliorer le quotidien, chacun à l’écoute des attentes de l’autre et surtout pas de prise de décision sans concertation.

 

Pour eux, l’origami n’a plus de secret

 

L’heure de la retraite venue, ils ont craint de se retrouver isolés, de perdre le contact avec les gens alors c’est tout naturellement qu’ils sont venus chercher information au Pont des Savoirs et depuis, ils enchaînent les partages de savoirs.

C’est ensemble qu’ils participent aux échanges Origami, Joël par goût de la géométrie et du pliage, Monique parce qu’elle adore les travaux manuels et le collage.

C’est ensemble également qu’ils suivent les échanges d’anglais. « ce n’est pas de l’enseignement traditionnel, mais des discussions très pratiques. Il n’y a aucune gêne, ni appréhension avec l’animatrice, très bonne pédagogue qui s’adapte toujours à nos envies et nos niveaux  ». Et après les échanges assurés en visio depuis le début de confinement, Monique et Joël en reparlent, s’aident et discutent des sujets.

C’est encore ensemble qu’ils ont intégré une chorale, elle soprano, lui baryton. Ils ont aussi beaucoup dansé mais une dorsalgie pour Monique a mis un terme à ce plaisir.

Ils ont tous deux une  activité propre car « chacun doit avoir son bout de terrain »,  la menuiserie pour Joël, la couture pour Monique.

Mais là encore, pas question de ne pas prendre le conseil, l’avis, la suggestion de l’autre dans la réalisation.

Quand Monique coud des robes pour sa petite fille, c’est une création digne des grands stylistes

Et ils prennent le temps de se consulter car pas question que l’un impose à l’autre.

Alors, Monique le revendique avec fierté : « quand ça sort, ça le fait ». Comme ce fabuleux meuble secrétaire porte queue de billard, réalisé par Joël en … vingt ans.

Menuiserie et ébénisterie, Joël sait prendre son temps pour assurer le meilleur résultat

Joël a toujours plusieurs projets de front : il conçoit, calcule, dessine, prend l’avis de Monique sur les formes, les matériaux, les couleurs…

Il fait, il défait, il refait, il laisse et attend l’idée qui le remotivera à donner bonne fin au projet.

Entre temps, il reprend un autre projet, l’avance, le laisse, repart sur un autre… c’est le cas pour ce bassin japonais, conçu il y a cinq ans, creusé il y a un an et dont ils espèrent assurer les plantations à l’automne.

La création de Joël réalisée en 20 ans (détail)

Aujourd’hui, ils ont un billard « fait maison » et ce meuble unique porte-queue de billard et bien évidemment, ils jouent. Quand ils jouent, ils ne comptent pas le temps et c’est …jusqu’au bout de la nuit « On peut jouer jusqu’à 5H du matin ».

Et quand ils ne jouent pas au billard, ils jouent aux cartes, aux échecs… et le jeu les emporte un moment loin des tracasseries du jour.

Prendre du temps pour faire et prendre l’avis de l’autre.

Ne rien faire qui ne satisfasse pas leurs deux attentes.

Tableau réalisé par Monique d’après une photo familiale

« Si ça ne plaît pas à tous les deux, on ne fait pas ». Joël ne plantera pas les pieds de tomates dans le potager sans s’assurer de l’endroit convenable auprès de Monique très attachée à la rotation des cultures.

Il fallait bien que je leur pose la question :

« y-a-t-il un sujet sur lequel vous vous fâchez ? Un  sujet  sur lequel vous  n’êtes pas d’accord ? »

Sans hésitation, et parfaitement synchro, ils m’ont répondu :

« NON. Sur certains sujets, il nous est arrivé d’avoir au départ des avis différents. On a toujours discuté et trouvé une solution partagée. Il n’y a pas d’amour sans concession ni de concession sans amour ».

Un goût partagé pour la beauté et la tendresse, jour après jour.